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Hazel Difeable " Trick or treat with the devil" {UC}

 :: L'Histoire d'une Vie :: Le Baptême :: Baptêmes en cours
Mer 13 Fév - 11:57

Hazel Difeable




feat. Cara Delevingne


Race
Si cela n'avait tenu qu'à elle Hazel serait demeurée humaine toute sa vie. Cette existence qu'elle espérait aussi intense que brève. Mais celui que l'on ne connaît que sous le nom de Jack l'Eventreur ne lui en laissa pas le choix et fit d'elle son Infante. Vampire elle est donc la seule Infante d'Aleksandr Barabas

Groupe
Sabbat auourd'hui et pour toujours, elle ne cesse de se le promettre chaque jour ! A moins que ce ne soit là que la plus impie des prières de celle qui se sent aussi, un peu plus chaque nuit, attirée par ce monde de ténèbres dont Aleksandr lui a si bien ouvert les portes ? Peut-être bien en effet.

Âge
22 ans et à peine quelques semaines vampiriques à son si jeune compteur.

Date votre arrivée à Londres ?
Hazel est née et à toujours vécu dans cette ville qui l'aura vu périr pour mieux, hélas si on l'écoute, renaître.

Raison de votre venue d'ailleurs ?
Aucun choix à faire puisqu'elle y est née mais, il est vrai que la demoiselle fit le choix d'y demeurer. Et, aujourd'hui encore elle n'entend pas quitter ce lieu devenu l'épicentre d'une catastrophe annoncée. C'est ici que les choses se passent ! Ici qu'elle doit donc se trouver si, comme elle le prétend si bien, elle veut les combattre ! Mais peut-on réellement combattre les siens sans se perdre soi-même ? PAs sûr... Et quand bien même... Comment quitter la ville où réside encore le seul être à qui elle tient ? Inutile de préciser son nom, n'est-ce pas ?  

Situation Conjugale
Bien que rien ne soit officiel entre eux il semblerait que Bram Stoker et elle soient proches. Très proches. Trop ? Peut-être bien vu que c'est pour punir l'écrivain de ses écrits que la damoiselle fut transformée.

Profession
Il fut un temps où, malgré l'époque peu propice à ce genre d'ambitions, la jeune fille rêvait de devenir journaliste. C'est d'ailleurs en errant, telle une ombre, sur les bancs d'une faculté qui ne voulait pas d'elle qu'Hazel rencontra Bram. Mais aujourd'hui... Alors qu'elle peine à seulement gérer sa si nouvelle condition la jeune fille semble avoir enterré ses aspirations et verser dans la plus parfaite des fureurs. Celle qui, quand elle la contrôle à peu près, fait d'elle la plus agile des voleuses... et parfois même des meurtrières. Une criminelle ? Et alors ? Bon sang ne saurait mentir et n'est-elle pas la fille de cet assassin de Morphée ?

Celui à qui, d'ailleurs, elle doit d'avoir aux yeux du monde une bien plus respectable occupation puisque, grâce à l'héritage qu'elle reçut de son courant d'air de père, Hazel a acheté la maison d'édition qui publia " Dracula". Ou comment marier, de la plus sulfureuse des manières, plaisirs et ambitions professionnels.

Pouvoir
Si vous voulez vous assurer de la disponibilité des pouvoirs et aptitudes autorisées c'est par ICI.

Armes
Mais non être armé n'est pas l'acte d'un psychopathe !
Ici pour survivre être armé peut même être un signe évident de sagesse !

Artefacts
Colifichets sans réel pouvoir ou véritable talisman façonné par des mains sorcières et millénaires les artefacts sont rares mais n'en existent pas moins ! Et vous pouvez en apprendre plus , ainsi qu'en acquérir, ICI

Signe(s) distinctif(s)
Sourd, borgne après avoir croisé un vampire trop glouton ?
Racontez-nous donc vos misères ou vos bénédictions !


IRL




Un petit nom ?
Parce qu'il y a bien quelqu'un derrière cet écran et des doigts qui tapotent sur le clavier pourquoi ne pas nous confier votre prénom ou ce pseudo que l'on vous donne sur les réseaux et le net ?

A qui devons-nous de vous accueillir ?
Google fut-il votre ami ou une âme charitable et qui sera louée vous a-t-elle traîné jusqu'en nos terres ?

Besoin d'un parrain ou d'une marraine ?
Parce qu'il n'est jamais facile de s'y retrouver dans un forum ou de faire ses premiers pas nous vous proposons de demander un autre membre pour vous accompagner. Depuis les questions que vous pourriez vous poser pour créer votre personnage jusque dans vos premiers rps ou passages au pub cb de LIB nous serons là pour vous !

Vous nous aimez à quel point ?
Comptez-vous être un membre raisonnable ou devenir l'une de ces personnes - et nous en connaissons plus d'une- qui vivent ici ? La deuxième solution nous conviendrait d'ailleurs fort bien !
En plus Hazel vit engluée ici et elle aime pas être seule !

Un mot pour la fin ?
Une dédicace ? Un mot doux ou un coup de gueule ? C'est à vous !
drop the mic







What's the fuck is wrong with you ?!



Et si vous nous parliez un peu de votre pomme ? Commencez donc par nous décrire en quelques lignes votre tempérament. Êtes-vous plutôt du genre bonne poire ou du genre tête de cochon que l'on rêve de claquer ou d'exploser contre le premier mur venu ? Aimez-vous être aimé ou, au contraire, adorez-vous vous faire des ennemis ?

Dites-nous donc votre vérité et nous saurons à quelle sauce vous nous mangerez en rp !
A moins que ce ne soit à quelle sauce nous allons vous dévorer ? Allez savoir !

Ashes to ashes, dust to dust...



La première fois que Hazel entendit parler de ces êtres maudits entre tous ce fut de la bouche de celui qui, déjà, l'attirait autant que ses mots  la fascinaient. Bram bien évidemment. C'est à elle que le jeune auteur s'ouvrit en tout premier. Elle qui, sans concession et sans jamais la moindre hypocrisie, livrait toujours le fond de ses pensées. Il s'était attendu à des moqueries, des regards suspicieux et un rejet ? Il ne trouva en elle que la plus attentive des écoutes. Et, une fois son récit fini, la plus indéfectible des alliées. Hazel n'a jamais douté de la véracité de ce récit pourtant rocambolesque qui faisait de ces monstres littéraires les si horrifiques des bêtes humaines. Si elle avait seulement su ce que cela lui vaudrait aurait-elle autant insisté pour que son doux ami s'entête et publie son ouvrage ?

Honnêtement elle-même peinerait à le dire. Qu'est-on seulement supposé penser quand, sans que l'on s'y soit attendu, on devient l'un de ces monstres que la veille encore on jurait d'éradiquer ? Oui, la Miss Difeable exècre à vouloir tous les en crever ces êtres assoiffés de sang frais et qui ont fait de sa vie un enfer sur Terre. Oui, aussi, elle rêve encore de les voir tous immolés sous le plus ardent des soleils. Mais... Car il y en a toujours un... Mais Hazel ne peut non plus nier être dévorée par la plus malsaine des curiosités envers ces êtres dont, qu'elle l'assume déjà pleinement ou pas, elle fait désormais partie. Leurs capacités surnaturelles, leurs dons, leur immortalité plus encore... Tout cela la fascine.

Et, par moments, elle se surprend à vouloir réellement les rejoindre. Virevolter dans les galaxies si sombres de leurs ambitions. Et l'influence de Jack sur elle n'y est certes pas étrangère ! Lui qui ne se préoccupe jamais de personne... Lui qui se refuse à jamais engendrer le moindre Infant et qui ne l'a créée que par accident... Entre le Sir et son Infante les liens sont forts. Sûrement bien plus forts que l'un comme l'autre ne les auraient imaginés ni encore moins désirés. Mais c'est un fait et ils le savent à défaut de le comprendre ou de l'admettre encore : ils ne font qu'un. La seule chose qui empêche encore Hazel de s'abandonner totalement à cet appel de la nuit que son créateur incarne trop bien ? Bram bien sûr.
Somewhere over the rainbow.


Quelles ambitions pourrait-elle bien avoir elle dont les battements du cœur en son sein diaphane ne sont plus que des illusions ? Les rêves et les ambitions ne sont-ils pas l'apanage des vivants ?

Hazel pourrait prétendre vouloir, de toutes ses forces, comprendre cette nature qui lui a été imposée et qui la soumet encore trop bien aux plus indicibles des tourments et des souffrances... Elle pourrait assurer vouloir assumer ce qu'elle est, et à jamais, devenue. Mais si elle a bien conscience qu'elle le devrait en effet, Hazel n'aura pas cette hypocrisie là. Elle n'en est pas encore là. Très loin de là même. Pour l'instant seule cette soif qu'elle répugne à étancher l'obnubile... au point d'en oublier tout le reste ? Presque mais peut-être pas autant qu'elle se plaît à le penser.

Les rêves ne meurent jamais totalement et les siens, ceux qu'elle a forgés dans la détresse solitaire de son enfance, ont la vie dure. Petite elle rêvait d'écrire, de vomir ces mots avec lesquels elle fustigerait la laideur de ces humains qu'elle est si prompte à juger égoïstes et idiots. Elle se rêvait journaliste, justicière littéraire qui défendrait ces pauvres que l'on oublie trop vite, ces orphelins que la société condamne au lieu d'aider à grandir, ces femmes que l'on méprise et que l'on rabaisse encore bien trop. Petite idéaliste dont les rêves furent saignés à blanc par la vindicte de vampires désireux de préserver le secret de leur existence.

Alors aujourd'hui Hazel a fait ce choix qui, demain, la mènera une fois de plus à la croisée des chemins. Elle prétend se languir d'une vengeance que, pourtant, elle n'a de cesse de repousser. Même quand l'occasion lui fut donnée de dénoncer l'identité réelle de son Sir... Quand elle eut pu de ses mots si acérés ébranler le pouvoir occulte des vampires... Elle ne le fit pas. Non pas pour préserver sa propre existence car la demoiselle n'y tient que fort peu. Pour protéger celui qui compte visiblement bien plus à ses yeux qu'elle ne consent à l'admettre ? Oui. Pour Bram il n'y a que peu de choses que la miss ne soit prête à faire. En fait... Il n'y a qu'une seule chose que Hazel se refuse à faire : condamner celui que, pourtant, elle hait si fort. Jack ou, plus précisément, l'homme qui se cache derrière le mythe. Parce qu'il est son Sir ? Non. Parce qu'elle aime l'homme derrière le monstre ? Dérangeante pensée mais véritable dilemme en effet. Hazel aime cet homme. Non pas comme le craint tant Bram qui jalouse cette relation étrange qui lie la vampire à son créateur : non, entre Jack et elle l'amour n'a pas sa place. C'est pire encore : ils sont un. Comme les deux faces d'une même médaille impie.

Et peut-être est-ce là, en réalité, la seule ambition du moment de la petite voleuse : consentir à plonger dans les abysses de ses propres paradoxes pour parvenir à trouver qui elle est réellement maintenant. Une enfant de la nuit vouée à la damnation éternelle ? Ou une victime presque consentante qui luttera pour protéger le monde du fléau qu'elle incarne maintenant elle aussi ? Hazel n'a jamais pu se résigner à être une victime. Pourrait-elle se résoudre à devenir bourreau ? Elle ne s'en rend pas compte mais, pourtant, la jeune femme a d'ors et déjà pris sa décision. N'est-elle pas celle qui aime à crier, trop haut et trop fort, que le monde ne fait que payer le prix de ses propres péchés ? Que les humains ne récoltent jamais que ce que leur indifférence et leurs crasses ambitions ont semé ? Et que si demain doit venir alors il sera patiné du plus carmin des rouge  et verra l'avènement des plus forts ? Voilà des propos déjà bien engagés, non ?


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Hazel Difeable
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Mer 13 Fév - 11:58




Autopsie d'une vie




Le prélude d'une rencontre


Là, derrière la fenêtre de ce salon où elle se sentait comme si parfaitement étrangère, la petite fille regardait cette pluie qui, en un lourd et épais rideau, venait baigner de sa grisaille la ville. Ici, à la faveur d'un réverbère, elle regardait la silhouette si élégante d'un homme. L'un de ces gentlemen aux habits impeccables et qui, haut de forme sur la tête et canne à la main, attendait sa voiture. Le hennissement comme étouffé de ces chevaux à la robe sombre qu'elle regarda approcher, leur luxueuse berline derrière eux. Et ces armoiries royales et peintes à l'or fin qu'elle caressa de son regard étincelant quand, la porte s'ouvrant, Hazel vit descendre pour mieux apparaître la plus belle des créatures qu'elle ait jamais vue. Une femme à la peau d'albâtre et à la chevelure dorée. Une beauté absolue et qui, maintenant, offrait sa main gantée de blanc à celui qui ne la saisissait que pour mieux y déposer ce baiser qui, sans qu'elle le comprenne, amena aux lèvres de l'enfant le plus rêveur des sourires.

Derrière elle les voix se faisaient plus fortes, le ton plus sec et, déjà l'enfant sentait son corps se recroqueviller quand son prénom fusa des lèvres sûrement encore pincées de cette folle arriviste qui lui servait de tutrice depuis la mort de sa mère. Elle allait se retourner, prête à affronter les foudres assassines de la vieille rombière quand quelque chose l'en retint. Là, sous sa fenêtre, le gentleman s'était retourné et la fixait. Elle ? Au début elle crut avoir rêvé, fantasmé cet intérêt qui n'avait pas lieu d'être. Elle avait tourné la tête, comme pour mieux s'assurer que ce n'était pas quelqu'un derrière elle qui suscitait aussi intense attention mais, ne voyant personne, elle était revenue coller son petit nez à la vitre embuée.

Ses sourcils qui s'étaient froncés et son petit nez retroussé alors que, après avoir dodeliné un instant de la tête, l'enfant s'était décidée à lever l'une de ses petites mains pour mieux saluer celui qui, vue l'heure tardive et la pluie battante, n'aurait pas même du pouvoir la voir. Et ce tressaillement qui fut celui de Hazel quand, les yeux maintenant écarquillés, elle le vit porter sa main gantée à ce chapeau qu'il ôta avant que de s'incliner en une majestueuse révérence. Puis elle le vit. Ce regard azuré aux reflets étrangement iridescents qui vint chercher, pour mieux s'y ancrer, le sien. Ces yeux qui la captivèrent sans qu'elle ne puisse comprendre et ce sourire qui fleurit à ses lèvres d'enfant comme pour mieux se faire le plus parfait reflet de celui que l'homme lui adressa. A elle ? Oui, cette fois la petite fille n'en douta pas même. Et ces mots qui vinrent résonner en son esprit et non à ses oreilles et qui la firent se figer.

«  Mes hommages du soir jeune demoiselle. »

L'intéressée qui, hésitant entre la tentation forte de se croire résolument folle et celle toute aussi grande de se perdre encore un peu plus dans ce songe éveillé, n'en demeura pas moins à son perchoir. Et ce dialogue sans paroles mais empli de pensées qui s'engagea alors entre le gentleman inconnu et elle.

- Tu n'as pas peur ? 
- Pourquoi le devrais-je ?
- Tu le pourrais. La majorité des gens seraient effrayés à ta place.
- Les gens sont-ils à ce point idiots qu'ils craignent leurs propres songes ?
- Est-ce ainsi que tu me vois ? Tel un rêve que tu ferais éveillée ?
- Que pourriez-vous donc être d'autre que le plus étonnant des songes ?
- Et si je te disais qu'en réalité je suis le pire des cauchemars que cette Terre ait connus ?
- Alors je dirais que les rumeurs ont tort et qu'il est doux de cauchemarder?


Le rire de l'homme qui résonna en l'esprit de la petite alors que, aux côtés du gentleman, la blonde beauté venait elle aussi joindre son regard à celui de son cavalier. Mais, contrairement à celui-ci, sa voix inaudible ne vint pas susurrer à l'esprit. Seule celle du gentleman revint chuchoter.

- Je dois te laisser maintenant. L'opéra nous attend. Mais ce fut un plaisir que de te rencontrer enfin petite Hazel.

Le corps de l'enfant qui se raidit alors que ses lèvres se plissaient en une moue aussi boudeuse qu'intriguée. Mais, avant qu'elle ait pu seulement penser la voix silencieuse de l'inconnu se remit à résonner en elle, devançant cette question qui brûlait le bout de sa petite langue.

- Cela te fait-il peur maintenant ? Te fais-je peur maintenant que tu connais l'un des tours dont je suis capable ?
- Peur ? Toujours pas vous m'en verriez presque navrée pour vous. Je n'ai pas peur de vous je suis agacée.
- Agacée ? Et pour quelle raison ?
- Parce que vous savez qui je suis et que j'ignore tout de vous Mister Cauchemar !
- Est-ce donc tout ce que tu veux apprendre de moi ce soir : mon nom ?
- Qu'y aurait-il donc d'autre à savoir sur mon propre songe ?


De nouveau l'homme s'était mis à rire à gorge déployée et en jetant un regard presque tendre à celle qui, pendue à son bras, en souriait elle aussi.

- Pour le monde, et pour toi aussi lorsque nous nous reverrons, je serai bientôt un cauchemar répondant au prénom de Jack. Mais pour toi, et du moins ce soir, je ne serai qu'Alexandre.

Hazel avait souri et répondu à la nouvelle révérence du cauchemar télépathe en mimant ses gestes. Derrière elle son attitude étrange avait attisé le courroux déjà grand de celle qui, ses talons bottiers claquant sur le parquet du salon, venait jusque dans le dos de celle à qui elle assénait maintenant la plus violente des claques derrière la tête. Des mots. Des torrents de mots qui, eux, claquaient avec force et rudesse dans l'air si chaud de cette pièce. Des reproches et, même, ces insultes qui bien qu'elle y soit malheureusement habituée, amenèrent aux yeux de la petite demoiselle les plus refoulées des larmes. Des mots. Criés encore plus fort et qui bourdonnaient aux tympans de celle qui, bien qu'elle en crevait d'envie, ne gémit pas lorsque sa marâtre agrippa ses cheveux pour mieux la tirer fortement en arrière. Et la main de l'enfant qui se dressait, se tendait vers cette fenêtre où elle voulait tant revenir. Rêver encore un peu pour ne pas replonger dans la grisaille de sa réalité.

Des coups, toujours plus nombreux, qui lui pleuvaient dessus mais qui ne l'empêchèrent pas de revenir se coller contre la froideur de ce verre derrière lequel elle le vit. Ce regard sombre et comme rougeoyant que le gentleman jetait maintenant à sa tutrice déchaînée. Un pas qu'il commença à faire dans la direction de l'immeuble mais qui demeura unique quand, d'une main légère à son bras, la dame blonde le dissuada d'en faire un second. Ce regard que les deux échangèrent alors et ce soupir que la petite eut presque pu jurer le voir pousser alors que, se ravisant, il reculait. Elle aurait voulu le retenir, l'appeler mais, déjà, le songe éveillé se diluait, se dissipait dans la brume. Alors, elle avait pleuré. Non pas pour ces coups qu'elle recevait et qui marquerait encore longtemps sa peau juvénile mais pour ce rêve qui lui échappait trop bien. Elle perdait conscience quand, en son esprit et pour la dernière fois, la voix résonna.

«  N'aies pas peur Hazel !
Ne crains pas ces coups et ces humiliations qui aujourd'hui te sont infligées mais que demain, je t'en fais le serment, tu pourras rendre au centuple si telle est ta volonté.
N'aies pas peur de la vie Hazel !
Elle n'est jamais qu'une étape. Et, ça aussi je te le jure, la mort te rendra plus libre que tu ne peux encore l'imaginer.
N'aies pas peur Hazel !
Il y aura toujours, perdu dans les ténèbres de la vie, un cauchemar qui veillera sur toi. Et qui, le moment venu, viendra pour t'emmener danser avec lui dans cet Enfer qui sera ton Paradis.
N'aies pas peur Hazel !
Un jour les choses changeront.  Mais pour l'instant dors petite fille. Dors ! Oublies ! Et rêves ! »


Le voile du plus agité des sommeils s'abattit alors sur celle qui, le corps perclus de douleurs et les yeux embués de larmes de colère, sombrait. Lorsqu'elle s'éveillerait Hazel croirait avoir rêvé. Pourtant, alors qu'elle s'assoupissait, dans la rue une femme blonde murmurait au gentleman à ses côtés

- Je pensais que tu ne croyais pas en mes visions ?
- Je n'y croyais pas en effet.
- Se pourrait-il que tu te sois, ce soir, ravisé ?
- Cela se pourrait en effet.
- Puis-je demander pourquoi ?
- Puis-je seulement t'en empêcher ou t'en dissuader ?
- Je crains fort que non.


L'homme s'était tu et, alors qu'ils marchaient paisiblement le long de l'avenue, n'avait pu s'empêcher de se retourner, l'espace d'une seconde unique, vers cette fenêtre derrière laquelle plus personne ne se tenait maintenant. Un éclat sombre et furieux à ses prunelles azurées et ces mots qu'il lâcha et qui firent sourire en silence celle qui les reçut.

«  J'aime bien cette enfant. »

Enfant... Cela ne rime-t-il pas parfaitement avec Infant ?
Il suffit parfois d'une soirée pluvieuse pour que, au détour d'une prédiction, s'esquisse les plus nébuleuses des destinées.





Totem & Tabou



L'agitation des rues londonienne ne semblait pas même atteindre celle qui, assise à la terrasse de cette petite brasserie où il lui avait demandé de le rejoindre. Lui qu'elle n'avait pas vu, même soigneusement évité de voir depuis ce jour si sombre où il était venue la trouver. Ce jour où le lien qu'ils avaient tissé, aussi lentement que furieusement vite, s'était comme déjà brisé. Un regard qu'elle eut fuyant et un soupir qu'elle ne put réprimer alors que, bien malgré elle, les souvenirs affluaient et menaçaient désormais de la noyer. Ce jour où, alors qu'elle n'avait que treize ans, il était entré dans sa vie. Lui cet aliéniste qui s'était à cette époque fait le plus troublant et beau des messagers. Parce qu'il lui avait amené et introduit ce père qu'Hazel n'attendait plus même mais qui, tel le plus dément des diablotins, était venu l'arracher à la si morne misère de son quotidien. Et en l'esprit si sombre de la jeune fille déjà si femme ce furent les traits de Morphée qui s'esquissèrent. Ses doigts qui se mirent à trembler sur l'anse de cette tasse de thé désormais froid qu'elle reposa, agacée, sur la table. Cette cigarette dont elle se saisit avant que de, au mépris de toutes ces convenances et de cette bienséance dont elle n'avait jamais eu que faire, elle portait à ses lèvres peintes en rouge et allumait. Et ce nuage empoisonné et aux volutes bleutées qu'elle laissa s'exhaler et virevolter dans les airs avant que, enfin, sa voix ne daigne rompe un silence qui en devenait presque pesant. Surtout entre eux qui avaient toujours été si proches que cela en était parfaitement inconvenant. Eux qui, aujourd'hui, peinaient à oser seulement se regarder.

 - Où est-il ?

Les mots avaient claqué dans l'air, abrupts et aux échos furibonds. Ceux qui atteignirent en plein cœur celui qui, pourtant, n'en laissa rien paraître. Sauf peut-être ce geste qu'il eut et qu'il ne la laissa pas repousser une fois encore. Cette main que l'homme posa sur celle de cette enfant qu'il avait aimé voir grandir jusqu'à devenir la femme forte qui se tenait aujourd'hui encore à ses côtés. Sûrement pour la dernière fois, lui en était sans doutes encore bien plus conscient que cette protégée qu'il voyait prête à voler de ses propres ailes. Chuck avait toujours su, peut-être même bien espéré, que ce jour viendrait. Non pas celui où il se devrait de revêtir le costume des plus sombres messagers mais celui où, enfin, Hazel consentirait à prendre sa vie en main. Balayant d'un haussement d'épaules la question de son ancienne et adorée protégée il avait imité cette dernière et, la cigarette coincée entre ses lèvres il s'était fendu de ces quelques mots.

-Qui sait avec ton père ? Il peut aussi bien s'être embarqué sur le premier bâtiment en direction du continent américain ou, peut-être bien, a-t-il rejoint le monastère le plus retiré pour écrire ses mémoires ?
- Mon père ? Dans un lieu dénué de toute compagnie féminine ? Allons ! Dis-moi qu'il s'en allé se perdre dans les fumées d'opium du premier bordel venu et, là, peut-être consentirais-je à te croire !
- Il faut bien avouer que cela lui ressemblerait !


Leurs rires qui s'élevaient dans une même harmonie alors que, pour la toute première fois depuis leurs retrouvailles, elle semblait enfin se détendre. Et offrir à son plus ancien compagnon, le meilleur de ses amis, un bien tendre sourire. Celui auquel Chuck répondit par son jumeau mais qui n'en était pas plus gai. Un silence qui retombait entre eux mais que la jeune femme refusa de laisser venir s'immiscer entre eux. Eux qui avaient été si proches et dont le souvenir au goût amer venait déjà si bien poignarder son cœur. Elle l'avait perdu... Non, pire, ils s'étaient perdus. Et alors que ses poings se serraient douloureusement et à en faire pâlir leurs articulations une perle saline commença à poindre à son œil. Une larme qu'il essuya d'un baiser léger et avant de la ramener d'autorité dans ces bras qu'il resserra autour de celle qui s'y abandonna bien volontiers.

- Il ne reviendra pas cette-fois, n'est-ce pas ?
- Non, je doute qu'on le revoit jamais.
- Pourquoi ? Pourquoi venir à moi si c'est pour m'abandonner ensuite ? Pourquoi m'avoir tant fait espérer si c'est pour briser ces rêves qu'il avait si bien su faire naître en moi?!


Il percevait toute la colère encore si bien retenue dans ces mots qu'elle murmurait dans l'étoffe de son pardessus. Mais, au-delà de ces émotions si vive, Chuck pouvait sentir aussi toute la tristesse de celle qui n'avait que déjà trop été maltraitée par l'existence. Elle avait souffert, eu plus d'une épreuve à affronter ou surmonter. Mais elle s'en était sortie et avait su tirer de sa souffrance la plus extraordinaire des envies de vivre. Celle qu'aujourd'hui, abasourdie par la nouvelle encore trop fraîche, sa protégée oubliait même posséder. Celle qui, demain pourtant, l'aiderait à se relever et à tracer son chemin dans l'existence qu'elle désirerait se bâtir. Celle où, comme la jeune femme le fit elle-même remarquer, lui non plus n'aurait pas sa place. Plus, sa place.

- Ainsi toi aussi tu vas partir et me laisser...
- Préférerais-tu donc que je demeure ?
- Si je te le demandais le ferais-tu seulement ?
- Hazel...
- Réponds-moi ! Si je te demandais de rester avec moi le feras-tu ?!


Il l'avait regardée, pas même surpris par cette question à laquelle non seulement il s'attendait mais qu'il s'était lui-même posée à de bien nombreuses reprises depuis que son ami avait pris la décision de disparaître. Les laissant sa fille et lui face à bien des choix. Celui qu'évoquait Hazel en étant le tout premier. Qu'elle avait grandi ! Elle qu'il avait connue chétive et mal attifée était devenue, auprès d'eux, une jeune femme aussi belle qu'indécemment élégante. De celles qui pourraient aisément se faire accepter par la cour royale elle-même... si ce n'était cette langue aussi franche qu'assassine et que la demoiselle ne cessait d'user selon son bon vouloir et en dépit de toute jugeote ! Cela finirait par lui causer bien des ennuis, Chuck n'en doutait pas. Alors l'envie se fit plus grande en lui de contrevenir à tous ses préceptes et à demeurer auprès de celle dont il saisissait le menton entre ses doigts et dont il ramenait le visage au sien. Sa main encore libre qui venait dégager ces boucles aussi brunes que folles et qui masquaient son regard si vif. Une caresse qui en rappela tant d'autres à celle qui, ferma les yeux pour mieux savourer les prémisses de ce qui ne pouvait être qu'un adieu et non un simple au revoir. Cette séparation qu'il eut la tendresse de feindre de repousser quand, de mots murmurés si proches de ses lèvres qu'ils en étaient presque des baisers, il lui mentit. Pour la toute première fois. Pour la toute dernière aussi.

- Demandes-le moi Hazel... Exiges de moi que je reste et je le ferai.

Ô adorable menteur ! Ô pieux et si doux mensonge auquel la toute jeune émancipée eut voulu pouvoir croire mais dont l'intelligence si vive lui interdisait si bien d'être dupe... Elle aurait voulu s'insurger, hurler et, même, le frapper pour ainsi oser la tromper. Elle ne put que frissonner tandis que ses lèvres venaient chercher leur souffle à celles de l'homme. Ce baiser qu'elle savoura sans même chercher à le faire durer une éternité qui ne leur était pas destinée. Puis, alors qu'elle le repoussait lentement et avec ces gestes tremblants qui trahissaient mieux qu'aucun mot ne saurait jamais le faire sa tristesse. Celle dont elle lui fit l'offrande de n'en rien montrer quand, dans un sourire aussi sincère que douloureux, elle murmura

- Promets au moins de m'écrire, tu veux bien ?
- Est-ce à dire que tu me rejettes ?
- Idiot ! Jamais je ne pourrais rejeter l'homme qui demeurera encore longtemps le tout premier élan de mon cœur !
- Seulement « encore longtemps » ? Tu vas finir par me vexer !


De nouveau l'humour décalé et piquant qu'ils avaient toujours partagé et qui venait adoucir l'amertume de cette séparation presque consommée. Elle s'était redressée, avait instauré entre leurs deux corps avides de bien trop, une distance raisonnable. Et alors qu'il se saisissait de sa main elle la lui avait abandonnée, noué leurs doigts avant que de reporter son regard vers cet horizon qui s'offrait à eux.

- Jamais je ne pourrais, ni encore moins voudrais te rejeter. Et ce serait me faire offense que de le penser.
- Alors pourquoi refuser ainsi mon offre ?
- Parce que nous savons que nous n'en supporterions pas plus l'un que l'autre les conséquences ? Chuck... Franchement, tu nous imagines prisonniers d'une existence qui ne nous ressemblerait en rien ?
- J'entends presque Morphée s'esclaffer et s'offusquer de toutes nos mièvreries, pas toi ?
- Sans aucun doutes possible en effet ! Mais... Mais ne crois-tu pas qu'il serait aussi diablement fier de nous voir demeurer fidèles à ce qu'il nous enseigna bien malgré lui ?


Ils auraient pu rire, ils s'en abstinrent. Comme si, pour la toute première fois, aucun de leurs habituels jeux de mots ne devait venir souiller ce moment empreint de la plus étrange et dérangeante des solennités. Une autre cigarette qu'elle jeta négligemment au sol pour mieux en laisser une autre venir trembler entre ses doigts si fins.

- Que comptes-tu faire maintenant que te voilà l'une des rares jeunes filles de ce royaume à être aussi divinement émancipée qu'elle est infernalement riche. ?
- Comme si j'en avais la moindre foutue petite idée... J'avoue que je ne pensais jamais voir ce jour arriver... Ou, du moins, pas en de telles circonstances.
- Tu trouveras bien de quoi t'occuper. Je n'ai pas le moindre doute là-dessus.
- Ta confiance m'honore. Mais je dois bien admettre me demander si elle est bien justifiée. Que suis-je seulement sensée faire maintenant ?
- Ce qu'il te plaira ? Si tant est, bien évidemment, que tu le saches déjà ? Ne me disais-tu pas, hier encore, que tu voulais devenir journaliste?
- Hier ? Si hier remonte à l'époque où je n'étais pas encore plus haute que deux pommes et demie et où j'avais encore l'illusion que mon sexe me permettrait de rivaliser avec ceux du tien alors, oui, tel était bien mon rêve. Mais...
- Mais quoi ?


La voix de l'homme s'était comme étouffée alors qu'il l'avait vue se raidir à l'entente de ses propos. Il savait, devinait cette diatribe qui allait maintenant s'écouler des lèvres de sa protégée.

- Mais j'ai grandi. Tout simplement... Ce monde est hideux ! C'est un monde fait par les hommes pour les hommes ! Un simulacre de société où les femmes telles que moi ne sont autorisées qu'à rêver d'un époux ! Les plus chanceuses pouvant l'espérer pas trop repoussant et assez riche pour céder à quelques uns de ces besoins qu'ils nommeront avec condescendance caprices ? Est-ce bien dans ce monde là que tu entends me voir poursuivre mon rêve de prendre la plume ?

Autant de vérités énoncées en si peu de mots et avec pareille verve ne purent que faire sourire celui qui ne s'attendait pas à moins de la part de celle dont l'esprit avait été forgé par les plus libertaires des hommes. Et, alors qu'il la dévorait à la dérobée des yeux, Chuck ne put s'empêcher de constater à quel point Hazel ressemblait à son père. Oh pas dans ces traits qui étaient si parfaitement opposés qu'on eut pu les croire étrangers ! Mais dans cette liberté impertinente qu'il sentait sur le point d'éclore chez celle dont il serra plus fermement encore la main avant que de baiser ses lèvres. Ce goût sucré de ses lèvres qu'il voulait savourer pour ne jamais l'oublier.

- La femme que je connais... Celle que j'ai aimée... Celle-là n'aurait pas peur de pourchasser ces rêves. Celle qui se trouve devant moi serait-elle à ce point différente ?
- La femme dont tu parles puisait sa force dans la certitude d'être entourée, soutenue et... Oui, aimée. Celle à laquelle tu t'apprêtes à faire tes adieux... Qu'est-elle ?
- La même. Très exactement la même Hazel. Où que soit ton père ne doutes jamais qu'il pensera et veillera toujours sur toi.
- J'imagine qu'est venu le moment pour toi de me faire l'un de ces serments inutilement romanesques et si parfaitement creux auxquels seules les jouvencelles décérébrées dont je ne fais pas partie pourraient croire ?
- Non. Là, ce serait faire une bien trop grande offense à ton intelligence le ouistiti.


Elle avait éclaté de ce rire qui lui valut les plus réprobateurs des regards de la part des gens autour d'eux mais qui, et c'est bien là tout ce qui lui importait, le plus doux de celui qui, bien des années plus tôt lui avait donné ce sobriquet. Beaucoup se seraient offusquées mais pas elle qui y avait vu une marque, certes piquante, d'un intérêt. Celui qui, au fil des ans, s'était mué en affection puis en encore toute autre chose. Celle sur laquelle ils s'étaient toujours refusés à mettre un nom. Du moins jusqu'à aujourd'hui. Et ce fut lui qui les prononça. Ces trois petits mots dont ils s'étaient si souvent gaussés ensemble. Parce que, sans doutes, ils n'en connaissaient que trop bien le sens.

Je t'aime.

Elle aurait pu lui répondre. Lui renvoyer le plus bel écho de ces mots qui tintaient encore si tendrement à ses tympans. D'ailleurs, n'était-ce pas ce qu'elle pensait, éprouvait depuis quasiment la toute première fois où leurs regards s'étaient trouvés ? Elle, en était visiblement intimement persuadée. Lui... bien moins. Ce doigt qu'il posa sur les lèvres de celle dont il baisait le front et au creux de l'oreille de qui il chuchota

- Ne dis rien. Ces mots que tu désires aujourd'hui tant me dire gardes les pour celui qui, un jour, saura les entendre et les apprécier comme il se doit. Ne perds pas la magie de ce moment pour cet homme qui s'en va.
- Celui-là même qui prétendait que lorsque l'on aime on ne part pas ? Lequel dois-je croire aujourd'hui ? Celui-là ou celui qui part en m'abandonnant ?
- Les deux Hazel. Que t'ai-je toujours enseigné petit ouistiti ?
- A toujours regarder droit dans les yeux ceux à qui je mens ?
- Serait-ce trop te demander que d'être un tant soit peu sérieuse ?
- Désires-tu donc que je sois une femme que je ne suis pas ?
- Ce qu'il est agaçant de voir ses propres arguments retournés avec autant de brio contre soi !


Il avait posé la main sur son cœur, feignant à merveilles d'être offensé. Mais ses yeux, eux, laissaient voir sa fierté. Celle d'un maître qui est heureux de constater que l'élève l'a, finalement, dépassé.

- Parfois aimer c'est aussi savoir laisser l'autre libre de s'envoler.
- Est-ce donc cela que tu attends de moi ? Que je t'aime assez pour te laisser me quitter ?
- En fin de comptes il semblerait qu'il te reste encore bien des choses à apprendre mon ouistiti.
- Comme comment dire adieu ?
- N'est-ce pas toi qui, quelques instants plus tôt, refusais mon offre de rester ?
- Je te voulais libre !
- Tu vois que, finalement, tu as tout compris !
- Pardon ?


Mais il ne lui répondit pas. Car la réponse que Hazel désirait tant entendre de lui, c'est d'un autre qu'un jour elle l'entendrait peut-être. Alors qu'il disparaissait au coin de la rue, se surprenant à devoir faire tant d'efforts pour ne pas se retourner une ultime fois, Chuck ne souhaita qu'une chose : que jamais sa protégée n'ait à faire ce que, lui, venait de faire. Partir sans un regard. Tourner le dos à celle qui aurait tant eu besoin de le voir rester. Envie, peut-être même bien aussi ? Il préféra s'imaginer le contraire, moins douloureux.

Parce que la vérité que l'homme s'était refusé à livrer tenait en ces quelques mots. Parfois c'était celui qui partait qui souffrait le plus. Même si, comme en ce cas précis, partir était offrir le plus beau des cadeaux à l'autre. La liberté. Celle qu'il avait toujours voulue pour la femme dont le prénom danserait encore bien longtemps sur ses lèvres. Celle que, pourtant, il se jura de ne jamais chercher à revoir. La destinée de Hazel était ailleurs. Il le savait. Il en eut encore la plus amère des certitudes quand, arrivée sur les quais, une silhouette comme surgie de nulle part vint le rejoindre. Un billet qu'il lui tendit et que l'homme saisit sans un même lui accorder un regard.

- Votre navire largue les amarres demain matin à l'aube. J'espère que vous ferez bon voyage.
- Permettez que je m'épargne la douleur de vous remercier.
- Allons mon bon ami ! Ne faites pas si grise mine ! En Amérique votre passé cessera de vous poursuivre et nos amis vous attendront afin de vous permettre de démarrer une toute nouvelle existence. N'était-ce pas ce dont nous étions convenus ? Un nouveau départ pour une toute nouvelle vie ?


Chuck qui se raidissait alors que, dans un mouvement de colère tout juste retenue, il enfonçait sa main dans la poche de son pantalon. Cette main qu'il rêvait d'envoyer se fracasser contre la face de celui qui, l'homme le savait, n'en aurait pas même cillé. Celui qui, lisant ouvertement et sans la moindre gêne plongeait allégrement dans ses pensées. Juste avant de plonger son regard aux reflets couleur rubis dans celui si étonnamment semblable.

- Vous êtes l'un des nôtres maintenant. Alors pourquoi vous encombrer encore de toutes ces émotions inutiles et ennuyeuses que je sens agiter vos reliquats d'âme ?
- Ne décriez pas si vite et si fort ces sentiments qui vous valent aujourd'hui de me voir partir sans esclandres !
- Pensez-vous réellement que vous puissiez être la moindre menace pour nous ?
- Si tel n'est pas le cas alors pourquoi me laisser en vie ? Pourquoi ne pas ôter cette vie dont vous avez déjà arraché le souffle humain ?


Des secondes qui parurent éternité à celui qui dut endurer le silence du vampire originel. Et ce don de fouiller les esprits dont il usa pour dénicher cette réponse qu'on lui refusait si bien. Les orbes d'azur de l'ancien humain qui s'arrondirent quand il la trouva enfin. Et ce rire que son Sir eut alors qu'il haussait les épaules et consentait à énoncer dans un murmure cette vérité troublante.

- L'un de mes amis sait qu'elle tient à vous. C'est donc à elle et à elle seule, cette femme que vous crevez d'abandonner, que vous devez d'être encore en vie. Elle n'aurait jamais supporté votre mort.
- Je suis mort !
- Non mon ami, vous vous méprenez une fois de plus. Vous n'avez jamais été plus en vie que depuis votre éveil au monde de la nuit.
- Est-ce là ce que votre ami dira à Hazel lorsque, de toute évidence, il viendra à elle ?


Parce que c'était bien ça la finalité de cette vaste et sinistre supercherie, non ? Faire de Hazel l'une des leurs ! La question qui fusait de ses lèvres pincées

- Pourquoi ? Pourquoi elle ?
- Croyez-moi lorsque je vous dis que je n'en ai pas la moindre idée. Si les voies de cet égocentrique Dieu sont réputées impénétrables celles de mon ami le sont plus encore.
- Cela n'a aucun sens ! Hazel ne connaît pas même cet homme dont je vois le nom s'esquisser en vous ! Elle ne le connaît pas ! Elle ne possède rien qu'il n'ait déjà ! Alors pourquoi elle ?
- Permettez que je vous réponde en citant celui que, pour être honnête, je ne comprends pas plus que vous. « Demandez à la pluie et à un réverbère ! »
- A la pluie et à un réverbère ?!
- Je vous l'ai dit : les voies des pensées d'Alexandre sont inaccessibles même pour nous !
- Quoiqu'il en soit faites savoir à votre ami que, où que je sois et quoique je fasse, je garderai toujours un œil sur Hazel. Et que si jamais je venais à apprendre qu'il lui est arrivé quoique ce soit alors je reviendrais. Et, cette-fois, je ne me tairais pas.


Le vampire originel qui haussait un sourcil alors qu'il jaugeait la sincérité de cette menace pas même voilée qui venait de lui être formulée. Chuck pesait chacun des mots qu'il venait de prononcer. Le courage était, même quand il confinait à la plus stupide des témérités, une qualité que l'homme savait apprécier à sa juste valeur. C'est pourquoi, levant un instant son haut de forme, il s'inclina en une révérence respectueuse. Puis, se relevant, il se retourna, jetant dans le silence de la nuit ces quelques mots

Alors je souhaite que jamais pareille chose ne se produise. Car il m'ennuierai d'avoir à vous tuer. Et nous savons l'un et l'autre que c'est ce qui arriverait fatalement. Ne commettez pas d'erreur qui pourrait vous être fatale mon cher ami ! Embarquez sur ce bâtiment et voguez vers des horizons plus cléments. Et ne vous retournez jamais ! Bientôt Londres sera le théâtre d'une guerre qui n'épargnera personne. Et alors vous serez soulagé de savoir votre... ouistiti ?... protégée par l'un des nôtres. Auprès de lui elle ne craindra rien.

Chuck aurait aimé pouvoir dire que le vampire se trompait, qu'il mentait. Mais alors qu'il prenait la direction de la passerelle de son navire en partance il sut qu'il avait raison. Le ciel britannique se couvrait et, l'homme le sentait, la guerre couvait. Alors peut-être bien Hazel serait-elle mieux sous l'aile aussi sombre que protectrice d'un vampire originel ? Peut-être... Mais ce que Chuck ignorait encore c'était que, de la plus indirecte et tendre des manières, sa protégée serait de ceux qui déclencheraient cette même guerre.



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Hazel Difeable
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Mer 13 Fév - 12:03




Autopsie d'une vie




La folie d'une tendresse particulière


La porte n'avait pas même eu le temps de se refermer derrière elle que les autres conversations, jusque là tonitruantes et parfois bien fleuries, se faisaient murmures. Les gestes, eux, s'étaient suspendus et les regards, écarquillés ou réprobateurs, s'étaient d'un même mouvement braqués sur cette silhouette aux courbes aussi féminines que ses vêtements, eux, étaient d'une masculinité plus que choquante pour l'époque. Mais, elle, n'en avait que faire. Son haut de forme vissé sur la masse de ces boucles brunes retenues par un ruban de satin rouge, une canne au pommeau d'argent dans une main et des feuillets froissés dans l'autre, elle avait les joues rougies d'avoir couru à en perdre haleine. Et, au fond des océans de ses yeux, ces étoiles qui n'y avaient plus lui depuis bien longtemps. Alors même que la surprise de son apparition s'estompait et que la vie reprenait doucement son cours, un homme avait bondi de sa chaise. Les joues encore plus pâles qu'elles ne semblaient creusées par un manque évident de sommeil, il s'était précipité vers celle qu'il saisissait par le bras avant que de l'entraîner dehors. Là où nul ne pourrait plus la scruter comme ce drôle d'énergumène qu'elle était un peu. Là où nul, surtout, ne pourrait entendre sa langue, parfois bien trop franche, s'agiter de cette manière qu'il avait toujours tant aimée mais qui, ce soir, lui faisait craindre le pire.

- Non mais as-tu donc perdu la raison ? Quelle mouche t'a donc ainsi piquée pour que tu te donnes en spectacle ? Et en ce lieu qui plus est ? Veux-tu finir ta si courte vie au bout d'une corde ?
- Et pourquoi donc me pendraient-ils ? Pour port illégal de costume masculin ? Pour avoir osé songer étancher ma soif dans l'un de ces lieux où les êtres de mon sexe ne sont, à l'évidence, pas les bienvenus ?
- Hazel ! Mais pourrais-tu, par pitié je t'en conjure, te taire ne serait-ce qu'une poignée de secondes ?
- Pourquoi le ferais-je ? Pour te laisser tout le loisir de me rabattre mon caquet et de me conter par un menu que j'imagine déjà gargantuesque que je ne sais pas me tenir ?
- Non mais tu vas te taire à la fin ?!
- Non ! Personne ne m'a jamais faite taire et ce n'est certes pas un freluquet de ton espèce qui...
- La ferme !


Puis, sur une impulsion qu'il ne s'expliqua pas ni ce soir-là ni ceux qui suivirent, le jeune homme agrippa la nuque de la tempête brune et, l'attirant à lui d'un mouvement sec il la musela. Les yeux de la jeune femme qui s'écarquillèrent avant que de, la seconde suivante, se clore. Un baiser qu'elle n'attendait pas, ne désirait peut-être pas même mais que, pour autant, elle n'interrompit pas. Contrairement à Bram qui, semblant réaliser ce qu'il venait de faire, laissa leurs lèvres se désunir avant que de, comme hébété, se reculer... juste assez pour recevoir en pleine figure cette gifle retentissante que son amie lui asséna. En silence, certes, mais avec une violence qui lui fit tourner la tête sur un bon quart de tour. La main de l'écrivain en herbe qui venait se porter à cette joue qu'il frotta. Sans doutes bien plus pour faire passer sa surprise qu'une douleur somme toute bien moindre. Et son regard, pour le moins interloqué, qui vint se poser sur celle qui, déjà, repartait de plus belle.

Et c'est moi que l'on traite de folle ?! Et c'est moi que tu accuses d'avoir perdu la tête ?! Non mais qu'est-ce qui a bien pu te passer par la tienne pour seulement oser m'embrasser ?!
- Ce n'est pas non plus comme si cela t'avait déplu ! A ce que j'ai pu constater je dirais même que tu as eu l'air d'apprécier !
- Je vais te montrer moi si j'ai apprécié ! T'en veux une autre peut-être ?!
- Essayes mais cette-fois, femme ou pas, je t'en colle une en retour et tu ne pourras pas venir te plaindre en grognant que je ne t'avais pas prévenue !
- D'abord je ne grogne pas !
- Oh que si ! Tu grognes ! Pire qu'un chien enragé même !


Elle qui ouvrait grand la bouche, le doigt levé vers l'infinité du ciel, prête à laisser se déverser sur son ami ces torrents de mots qui, pourtant, périrent dans sa gorge avant même que d'avoir atteint ses lèvres. Finalement ce fut son rire, encore tellement enfantin, qui s'éleva dans les airs alors que, oubliant déjà tout de leur énième et si mémorable dispute, elle se jetait au cou de celui à qui elle baisa le bout du nez avant que de, plus rougissante encore que grimaçante, demander devant la rougeur à la peau du jeune homme.

- Ca fait mal ?
- A ton avis ?
- Oh ça va ! Tu n'es pas non plus en sucre mon petit canard blondinet ! Dis-moi que j'ai écorché à l'en faire saigner ton ego de mâle mais, par pitié, ne me dis pas que je t'ai réellement fait mal !
- Pourquoi ? Tu en serais si contrite que tu te précipiterais alors vers la première église venue pour mieux t'y confesser ?
- Et puis quoi encore ? Bien que je ne doute pas que le vin de messe saurait étancher ma soif de la soirée je préfère encore dépenser quelques pennies plutôt que de me rendre dans l'un de ces lieux prétendus saints ! Plutôt mourir que de croire à ces fadaises !
- Tu n'arrêtes jamais ?
- Non. Mais oses me dire que cela ne fait pas partie de mon indéniable charme ?
- Si tu veux tout savoir ce n'est pas forcément ni précisément ce que je préfère chez toi, non. Et ce n'est certes pas la raison pour laquelle tu me pla...


Les mots du jeune homme qui se perdirent dans la moiteur d'une nuit désormais bien avancée. Et ce trouble qui se refléta dans les regards des deux amis tandis que, laissant le silence retomber entre eux, ils ne se quittaient pas du regard. Il avait passé une main à sa nuque avant que, visiblement bien mal à son aise, il avait tenté de s'éclaircir la voix dans une toux qui ne trompa personne. Ni lui ni celle qui, rougissant jusqu'à la pointe de ses oreilles, remercia presque ce ciel auquel elle jurait si fort ne pas croire quand, froissée entre ses doigts, elle aperçut les feuillets. Ceux de ce manuscrit que Bram avait, tantôt, fait porter à cette chambre qu'elle occupait au Savoy. Ces feuilles noircies d'une main si nerveuse qu'elle en paraissait fiévreuse et qui contait cette histoire si réelle qu'elle en paraissait bien peu plausible. Ce conte moderne et urbain que son ami, rencontré sur les bancs de cette faculté d'Oxford où l'on ne voulait pas d'elle, Hazel l'avait rencontré. Lui pour qui, dès leur premier échange – bien évidemment si passionné que houleux- la demoiselle s'était prise d'affection.

Parce qu'il était de ces êtres qui ne laissent jamais personne indifférent. De ces personnages qui ont érigé au rang de vertu cette vérité qu'ils se juraient si fort de crier à la face d'un monde si désespérément sourd et aveugle. Et puis... comment résister à un artiste maudit et fauché qui préférait vivre d'oxygène et d'eau croupie et économiser chaque denier pour mieux acheter ces monceaux de feuille que, chaque nuit et à la lumière de la bougie, il noircissait de sa plus belle plume ? La jeune émancipée, elle, ne le put pas. Ne chercha d'ailleurs pas même à le vouloir. Elle appréciait cet énergumène que les autres regardaient toujours avec méfiance et une once de moquerie. La différence... Voilà une chose qu'elle connaissait trop bien pour ne pas en connaître l'amère saveur. Combien de fois avait-elle souri dehors et pleuré en dedans ? Contre ce monde qui la jugeait sans même la connaître... Contre ces gens qui la cernaient mais qui n'avaient plus d'humain que ce nom commun qu'ils galvaudaient avec force conviction... Contre cette vie qui reprenait toujours plus qu'elle ne consentait à offrir.

- Tu l'as réellement lu au moins ? Ou prendrais-tu le plus perfide des plaisirs à me traiter de dément sans avoir même dépassé le premier paragraphe ?
- Si je l'ai lu ? Mais je l'ai dévoré ton manuscrit ! Je lisais sans plus pouvoir m'arrêter, m'impatientant de parvenir à la prochaine des pages pour mieux découvrir les tribulations de tes personnages si hauts en couleurs !
- Est-ce ta façon de me dire que tu as aimé ?
- Si je te dis que, pour en venir à bout, j'ai été jusqu'à manquer mon entretien à la faculté ?
- Hazel ! Tu n'es pas sérieuse rassures-moi ! Tu n'as pas réellement manqué ce rendez-vous ?
- Bien sûr que si je l'ai manqué ! Ai-je l'air d'être une menteuse ?
- Evidemment que tu en as l'air puisque tu es une menteuse ! La pire que je connaisse d'ailleurs ! Sur dix phrases que tu prononces je parierais sur le fait qu'à peine la moitié sont vraies !
- Là tu me vexes mon cher canard ! Et tu sous estimes grandement mes talents ! Sur dix phrases que je prononce tu peux t'estimer heureux si deux d'entre elles contiennent ne serait-ce qu'une once de cette vérité qui me fait horreur !
- Et c'est toi qui me pousses à hurler cette même vérité à la face de la bonne et si stupide société britannique ? Ne serait-ce pas là de la pure hypocrisie ?
- Gardes donc tes si grands et vilains mots pour tes écrits et épargnes les moi ! Je ne suis pas hypocrite. Du moins ne le suis-je pas avec toi ! A toi je ne dis jamais que la vérité !
- Vraiment ?
- Si je te le dis ! Tu veux que je jure sur une croix de bois, une de fer et que j'honore les pavés de ma salive ?
- Je crois que je me contenterai de ta parole merci bien...
- Alors, je te le répète pour que cela entre dans ton crâne de piaf : je te dis toujours la vérité !
- Bien... Parfait même ! Alors réponds donc à cette question : as-tu aimé ?
- Le livre ? Mais je te l'ai dit : j'ai adoré !
- Non, sombre gourde ! Pas le manuscrit, ça j'avais bien entendu. Je te parlais du baiser.
- …
- Le baiser... Tu te souviens ? Celui que nous venons d'échanger ?
- Celui que tu m'as arraché par surprise tu veux dire ?
- Hazel ! Cesses de jouer sur les mots et réponds-moi !
- C'était quoi la question déjà ?
- Réponds où je m'en vais et cette-fois je ne reviendrais pas !
- Chiche !
- Hazel... Tu veux vraiment que nous jouions à ce jeu là ? Grandis un peu par tous les saints !
- Et si j'ai pas envie de grandir moi ?
- Alors je te souhaite une bonne soirée ! Reviens me voir quand tu auras décidé d'être une femme et non plus cette insupportable gosse que tu t'évertues à merveilles à demeurer !
- Je ne suis pas une sale gosse !
- Oh que si tu l'es ! Et, désolé d'avoir ainsi à te le rappeler, mais je n'ai que faire d'une enfant dans ma vie !


S'était de nouveau emporté celui qui, fidèle à sa promesse aux allures de menace, détournait les talons et, les mains engoncées dans les poches de son pantalon, s'éloignait déjà à bien grand pas. Dieu ce qu'elle pouvait l'agacer quand, comme ce soir, elle aimait à le pousser dans ses plus ultimes retranchements ! Pourquoi fallait-il toujours qu'elle cherche à avoir le dernier mot ! Pourquoi fallait-il toujours qu'elle se défile quand les choses menaçaient de devenir plus sérieuses entre eux ? Ah ça, pour haranguer les foules en remettant en cause jusqu'à la royauté, la donzelle n'avait pas froid aux yeux ! Mais, un simple baiser, et la voilà qui se carapatait à toutes jambes ! Comme quoi le courage aussi pouvait être à géométrie plus que variable ! Qu'elle aille au Diable elle qui refusait de croire en Dieu ! Qu'elle aille se perdre dans les limbes de son oubli à lui ! Il en avait fini avec ...Le coup lui avait été décoché sans même qu'il ait seulement le temps de le voir venir. L'atteignant en plein dans cette mâchoire qu'il eut presque pu jurer entendre se fendre sous la violence du coup. Et ce n'était encore que le premier de ceux, si nombreux, qui ne manquèrent pas de suivre. Ses os craquaient sous ces attaques d'une force inhumaine. Sa peau brûlait sous ces ecchymoses qui, si jamais il avait la chance de survivre, le marqueraient pendant des jours. Ce qui serait encore un moindre mal ne pt s'empêcher avec une ironie funeste celui dont la tête heurtait maintenant violemment le sol.

- Où est le manuscrit ?
- Je ne l'ai pas !
- Mauvaise réponse ! Si tu ne l'as pas alors tu ne nous sers à rien !


Y a-t-il la moindre satisfaction quand la preuve que vous aviez raison vous est apportée à l'aune d'une mort certaine ? Car Bram les vit, à cet instant si précis, ces longues canines acérées qu'il décrivait trop bien dans son livre. Il s'y perdit aussi, dans ces yeux à l'éclat rubicond qu'il avait pris le plus enfantin des plaisirs à décrire comme les portes d'un enfer dont, maintenant, il pouvait presque sentir le parfum sulfureux le nimber. Il entendit son propre hurlement s'élever dans le chaos de cette nuit sans lune au moment où les crocs du vampire s'enfoncèrent dans sa peau. La sensation de celle-ci se déchirant sous cette mâchoire qu'un loup n'aurait sûrement pas reniée mais qui, en aucun cas, ne pouvait appartenir à un humain. Puis la caresse de ce sang, le sien, qui s'écoulait pour mieux dégouliner le long de sa gorge. Et il le sentit, ce froid qui commençait presque déjà à l'envahir quand, si proche mais comme lui provenant dans un lointain écho, un sifflement. Aigu et strident. Celui que l'humain aurait sans doutes béni pour détourner ainsi l'attention de ses agresseurs... s'il n'en avait pas deviné, dans un râle entre rire grinçant et grognement étouffé, l'origine. Cette voix qui s'éleva alors et qu'il reconnut sans peine : celle de sa peste préférée. Hazel, évidemment. Qui d'autre pourrait se montrer inconsciente au point de venir affronter des vampires ? Et elle comptait les faire battre en retraite avec quoi ? Ses mots acérés ou une gousse d'ail bien fraîche ? L'un et l'autre n'auraient pas le moindre effet ! Et elle le savait ! Si jamais ils survivaient à cette nuit alors, Bram se le jura, il l'assassinerait de ses propres mains pour sa folie ! Oui, il la tuerait ! Si, évidemment, les enfants du Malin ne s'en chargeaient pas avant...

- C'est ça que vous cherchez ?
- Hazel ! Non !


Autant demander à un prêtre de se rendre au bordel ou à un vampire de devenir végétarien ! Comme il s'en doutait, son intrépide amie ne l'écouta pas et, les feuillets entre ses mains les agita ostentatoirement devant ceux qui, leurs yeux plus rougeoyants que jamais, braquèrent leurs regards vers celle qui, debout sur des caisses, semblait les mettre au défi de l'attraper. Cette-fois c'était certain : elle était démente ! Et, très sûrement aussi, elle servirait bientôt de repas à ceux qui, sourires carnassiers accrochés à leurs lèvres pâles, consentaient à entrer dans son jeu macabre. Celui dont, ils en étaient certains, leur proie ne sortirait pas indemne... ni même vivante ! Qu'espérait-elle donc ? Elle, cette mortelle certes téméraire mais dont les capacités physiques ne pourraient jamais égaler les leurs. Et, en effet, à peine avait-elle commencé à s'élancer sur ces quais qu'ils surgissaient nimbés d'une brume épaisse devant elle. Leurs rires gras et méprisants qui résonnaient aux tympans de celle qui, pourtant, ne s'en laissait pas encore compter, refusait de renoncer. Cette seconde qu'elle savait ne pas avoir mais qu'elle perdit pour mieux jeter un œil à cet endroit où, dans un sourire soulagé, elle vit Bram se relever. Il était en vie. S'il était intelligent alors il s'enfuirait ! Comme il lui restait à le faire même si, Hazel le savait, cela était bien plus simple à dire qu'à faire !

A moins que... Si les vampires pouvaient se déplacer à une vitesse prodigieuse il était une chose qu'ils craignaient plus que tout ou presque. Un bruit sourd et bref. Puis cette flamme qui venait se mirer dans les yeux de celle qui souriait alors que, son allumette embrasée dans une main et les feuillets coupables dans l'autre elle se tenait, si droite et si fière, face à ceux qui ne comprirent pas de suite cette assurance étrange. Mais qui, lorsqu'ils suivirent la direction indiquée par cette main assassine, réalisèrent leur erreur. Ces caisses sur lesquelles l'intrépide s'était hissée et dont elle venait si bien de faire d'un coup de bottes l'un des couvercles étaient emplies de rhum... Un autre coup de talons et le bruit de cette bouteille qui se brisait tandis que montait dans l'air soudainement déjà plus chaud. Et cette étincelle orangée qui chuta, comme au ralenti, devant les acteurs de cette pièce épique. La détonation, le souffle ou les flammes... Lequel ouvrit la marche aux deux autres importait, au final, bien peu.  Les vampires les plus prompts avaient pu disparaître abandonnant derrière eux leurs infortunés compagnons. Ceux qui brûlaient maintenant en poussant les plus atroces des hurlements d'agonie. Sous les yeux hantés autant par l'horreur que par la plus parfaites des inquiétudes de celui qui, le cœur palpitant à tout rompre se précipitait vers le brasier en hurlant à pleins poumons le prénom de celle qu'il cherchait désespérément des yeux sans encore parvenir à la trouver.

- Hazel ! Hazel !

Les flammes dansaient, lascives et affamées devant celui qui, le nez dissimulé sous la soie de son écharpe, sentait perler à son front les premières et si glacées perles de sueur. Il allait faire un pas pour se précipiter mais le rideau de flammes devant lui l'en dissuada. Au loin résonnaient déjà les cloches de ces camions de pompiers qui ne tarderaient sans doutes pas à arriver. Suivis par ces cohortes de policiers qui ne manqueraient pas de rafler pour mieux les interroger quiconque se trouverait sur place. Bram savait qu'il risquait les pires des ennuis s'il s'attardait en ces lieux devenus scène de crime. Pourtant, il le savait, il ne partirait pas sans l'avoir retrouvée. Sa main encore libre qui se portait en visière devant ses yeux rougis par une fumée de plus en plus épaisse. Et s'il eut voulu pouvoir hurler à s'en briser les cordes vocales son prénom il ne put que tousser, cracher ces poumons qu'il pouvait maintenant sentir comme s'immoler de l'intérieur. Le feu se propageait à une vitesse phénoménale, sans doutes aidé par ce vent qui s'était levé et ne cessait de le nourrir de sa vigueur affamée. L'écrivain courait, serpentait entre ces colonnes de feu et de fumée qui avaient transformé les quais en un labyrinthe des plus mortels pour qui aurait l'inconscience de s'y attarder. Au loin les premières silhouettes apparaissaient. Sans doutes des dockers ou des marins qui, alertés par le bruit de l'explosion ou par les flammes s'étaient précipités.

Le jeune homme crut devenir fou à son tour quand, entre deux flammes, il aperçut un corps au sol. Sans même prendre le temps de réfléchir il s'était précipité vers cette silhouette trop familière pour que ce ne soit la sienne. Sans se soucier de ces flammes qui avaient dévoré, rongé l'étoffe de ce manteau qu'il leur abandonna, il était arrivé auprès de ce corps allongé et immobile. Ses genoux qui heurtaient le sol alors qu'il sentait son souffle haletant se suspendre tandis que ses mains venaient dégager les traits de ce visage maculé d'autant de suie que de ce sang qui s'écoulait d'une méchante plaie à la tempe. Un pouls qu'il chercha avec tant de fébrilité qu'il lui fallut une bien longue poignée de secondes avant que de le trouver. Et le soulagement quand, au moment où il le trouvait, il l'entendit gémir. Elle était en vie ! Comment ou pourquoi importait peu, pour l'instant tout ce qui importait était de la sortir d'ici et de la mettre à l'abri. Alors qu'il la prenait dans ses bras et hâtait autant qu'il le pouvait le pas, il la sentit remuer tout contre lui... et râler ? Vraiment ? Un rire, nerveux, qui échappait au jeune homme avant qu'un sourire ne vienne étirer ses lèvres fendues quand il la sentit bouger encore, passer ses bras cotonneux et légèrement brûlés autour de son cou. Alors qu'ils parvenaient enfin dans une ruelle au calme et à l'air bien plus respirable, Bram s'autorisa à prendre une minute de repos bien mérité. Derrière lui il entendait la clameur de cette foule qui, déjà, arrangeait pour mieux la conter la tragédie de ce soir. Voilà une histoire qu'il aurait pu narrer dans l'un de ces livres ! Peut-être aurait-il mieux fait d'écrire des romans policiers ou sentimentaux plutôt que cette vérité fracassante qu'il voulait déguiser en conte horrifique... Ce fichu manuscrit pour lequel, ce soir, Hazel et lui avaient bien failli mourir. Celui qu'il eut la surprise de voir reposer entre les doigts serrés de celle qui reprenant légèrement ses esprits le regarda. Et remuant faiblement la main tenant les feuillés griffonnés murmurait dans un murmure empli de fierté

- Ils ne l'ont pas eu... Je ne les aurais jamais laissé le reprendre... Jamais...
- Aucun manuscrit, et encore moins le mien, ne mérite que tu sacrifies ta vie pour lui !
- Si, le tien le mériterait...
- Idiote.
- Adorable idiote au moins ?


Lui n'avait rien dit, et peiné à retenir cet éclat de rire qui lui démangeait la gorge. Oh oui ! Hazel était la plus infernale des bouts de femme mais, par tous les saints et tous les démons, qu'elle pouvait en effet être adorable... Trop pour leur bien à tous les deux à n'en pas douter. Alors qu'il cheminait vers cette modeste pension de famille où l'écrivain avait trouvé à se loger elle avait remué entre ses bras et, relevant sa tête vers celui de l'écrivain avait murmuré d'une voix presque enfantine

- Dis-moi que tu vas le publier ! Dis-moi que je n'ai pas failli finir en poule rôtie pour rien...
- Hazel...
- Promets le moi ! Promets le moi ou je te jure que je vais remuer le ciel et les enfers pour t'en convaincre ! Et si ça suffit pas je t'en fais le serment j'irais le trouver ton Dracula et...
- Et rien du tout ! Je t'interdis de prendre de tels risques !


Avait grondé celui qui ne la savait que trop capable de mettre ses menaces à exécution et qui avait suspendu ses pas pour mieux la toiser de son plus sévère regard. Ou, du moins, celui qu'il aurait voulu ainsi mais qui n'était que peur et colère. Celui qui n'en fondit pas moins devant l'azur effrayé de celle qui avait sur lui le plus incompréhensible et malvenu des ascendants. Et qui en jouait toujours avec espièglerie... mais pas ce soir. Ce soir c'était le corps d'un être terrifié et qui confessait dans chacun de ses gestes avoir simplement besoin de lui. Une femme aux allures d'enfant qui réitérait sa demande.

- Promets-moi Bram... S'il-te-plaît... Promets-moi...
- Je me ferais éditer, tu as ma parole.


Il aurait aimé, sans s'y attendre réellement car il la connaissait trop bien, à ce qu'elle le remercie. Elle ne le fit évidemment pas. Mais les derniers mots qu'elle prononça avant que de sombrer dans les limbes de l'épuisement étaient bien mieux encore.

- J'ai aimé... Notre baiser... J'ai vraiment aimé.




Chapitre II



Hoc inmaturo interitu ipse quoque sui pertaesus excessit e vita aetatis nono anno atque vicensimo cum quadriennio imperasset. natus apud Tuscos in Massa Veternensi, patre Constantio Constantini fratre imperatoris, matreque Galla sorore Rufini et Cerealis, quos trabeae consulares nobilitarunt et praefecturae.

Constituendi autem sunt qui sint in amicitia fines et quasi termini diligendi. De quibus tres video sententias ferri, quarum nullam probo, unam, ut eodem modo erga amicum adfecti simus, quo erga nosmet ipsos, alteram, ut nostra in amicos benevolentia illorum erga nos benevolentiae pariter aequaliterque respondeat, tertiam, ut, quanti quisque se ipse facit, tanti fiat ab amicis.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.




CHAPITRE III


Hoc inmaturo interitu ipse quoque sui pertaesus excessit e vita aetatis nono anno atque vicensimo cum quadriennio imperasset. natus apud Tuscos in Massa Veternensi, patre Constantio Constantini fratre imperatoris, matreque Galla sorore Rufini et Cerealis, quos trabeae consulares nobilitarunt et praefecturae.

Constituendi autem sunt qui sint in amicitia fines et quasi termini diligendi. De quibus tres video sententias ferri, quarum nullam probo, unam, ut eodem modo erga amicum adfecti simus, quo erga nosmet ipsos, alteram, ut nostra in amicos benevolentia illorum erga nos benevolentiae pariter aequaliterque respondeat, tertiam, ut, quanti quisque se ipse facit, tanti fiat ab amicis.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas. hanc provinciae inposito nomine rectoreque adtributo obtemperare legibus nostris Traianus conpulit imperator incolarum tumore saepe contunso cum glorioso marte Mediam urgeret et Parthos.


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Hazel Difeable
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